Le Grand Recommencement

Chapitre 2

Version:1.0
Nouvelle:

Phaneste s'éveilla quelques heures plus tard, totalement hagard. La mémoire lui revint petit à petit. Il avait marché quelques temps dans le noir complet, s'était heurté aux gens, aux arbres, aux herbes agressives, et à tous les obstacles qui se trouvaient sur son chemin de manière exhaustive. Après avoir parcouru une distance ridicule, il avait décidé de se reposer et d'attendre le jour pour avancer de manière plus efficace.

Et donc le jour était venu, et avec lui la vision d'un paysage complètement nouveau pour Phaneste. Paris comme il ne l'avait jamais vu: rien. Des arbres à perte de vue, ce qui n'était pas grand chose pour commencer, vu leur densité et le relief relativement plat de la plaine. Il ne pouvait pas voir au delà d'une vingtaine de mêtres.

Il ne voyait personne non plus pour l'instant, et il se demanda si c'était un bon ou un mauvais présage. Par contre il sentait bien son corps le tenir informé de son escapade nocturne, qui s'était révélée un échec total donc, ayant pour seul effet de le couvrir de plaies, brûlures et autres contusions. Et c'est en déplorant sa condition cutanée qu'il réalisa qu'il était nu.

Completement nu. Par chance l'été faisait déjà sentir les effets du soleil qui lui réchauffait la peau d'une manière douce et agréable, amoindrissant les douleurs diverses en émanant. Mais la pudeur de toute une vie passée habillé le fit paniquer.

"Que vais-je bien pouvoir trouver pour me couvrir avant que quelqu'un ne me voit?" se demanda t'il. Et aussitôt il se demanda aussi comment faire pour l'inverse, si c'est lui qui voit les gens nus. Comment arrivera t'il à ôter son regard de ces zones que la vie en société ont rendus si rarement visibles, ces parties du corps qui sont devenues si intimes ? Il se détendit en se disant qu'il aurait dû suivre un entraînement chez les nudistes, et qu'au moins, ces gens-là auraient moins de problèmes que lui.

Se rassurant en admettant que son sort ne serait sûrement pas unique, il décida de repartir de l'avant. N'ayant aucune idée de la direction qu'il avait prise la veille dans la nuit, si tant est qu'il n'en avait pris qu'une, il décida de son Nord après avoir échangé quelques mots au soleil, qui s'abstint bien de l'aider.

Fait étonnant, il croisa le passage d'autres gens par dizaines, la plupart se cachant en entendant son approche. Il trouvait cela bien stupide que la pudeur empêche ces gens de se rapprocher, dans une situation où ils en avaient justement le plus besoin, de la solidarité et de la chaleur humaine seront indispensables aux périodes à venir.

Ceux qu'il croisait cependant, n'affichaient guère d'enthousiasme à engager la conversation, mise à part pour lui demander s'il avait vu telle ou telle personne. Sans même s'en rendre compte, il s'habitua vite à la nudité de tous, tout en notant au passage à quel point la plupart des gens étaient loin des standards de perfection proclamés par son époque, et qu'il n'était donc pas le seul à ne pas s'en approcher, bien au contraire.

A la lumière du jour il était beaucoup plus facile d'avancer, mais même avec une vitesse très réduite et une attention toute particulière aux obstacles qui se jetaient quasiment sur ses pauvres pieds, il conclut rapidement qu'il aurait fallu trouver de quoi le chausser, plus pour l'instant que de quoi l'habiller. Mais déjà il entendait un murmure distant d'eau.

Il se trouvait donc sans doute sur la bonne route, et en oublia ses basses considérations pédestres tout en avançant de plus belle.

Et ce fut là, au bout de quelques minutes, qu'il arriva à ce qu'il était persuadé d'être la Seine, bordée à perte de vue de gens qui étaient visiblement venus faire la même chose que lui: se retrouver devant un fleuve sans pont, sans passage apparent, et dont le plus proche passage franchissable devait être bien loin d'içi.

Si le fleuve n'était pas bien agité, il n'en restait pas moins large, et même si la pollution si chère à la faune parisienne n'était pour une fois pas au rendez-vous, on se demandait ce qui pouvait bien nager dans ces eaux. Même si les requins ne seraient certainement pas du voyage, Phaneste s'imagina recouvert de sangsues et ne sachant pas comment s'en débarrasser, ce qui ne l'enchanta guère.

Mais d'autres ne se posaient pas ce genre de questions, et déjà ceux qui étaient partis nager de l'autre coté étaient remplacés par ceux qui en venaient. Après inspection dûment répétée sur un échantillonnage conséquent de la population des traversés, il décida que les sangsues avaient mieux à faire que de goûter aux humains et se lança à l'eau.

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