Le Grand Recommencement

Chapitre 1

Version:0.2
Nouvelle:

Phaneste se réveilla brutalement cette nuit là. Il avait d'habitude un sommeil profond et n'apprécia guère un réveil si brutal. Une déferlante de sensations plus désagréables les unes que les autres s'abattit sur lui: étonnement, énervement, froid, inconfort, douleur, humidité, bruit, colère puis panique.

De son confortable lit il s'était retrouvé à même le sol, dans son plus simple appareil, par une température moins qu'agréable. Une fois qu'il avait pris conscience de tous ces influx nerveux lui indiquant tous les désagréments dont son corps faisait expérience, il se mit à réfléchir à la situation.

Donc, nu, à même le sol. Il faisait nuit, froid, et il entendait d'autres personnes.

Son premier réflexe fut de chercher à la fois à se couvrir et à cacher sa nudité, mais un bref tour d'horizon lui apprit plus qu'il n'en fallait: le ciel était couvert, et la lune n'était pas de sortie. L'abscence totale de lumière lui fit comprendre qu'il n'était certainement plus dans Paris, où il serait impossible de ne pas voir la lumière de la ville projetée sur la voûte céleste nuageuse.

Sans même y réfléchir, il commença à reconnaître le territoire de ses mains, tout y passa: cailloux, rosée, herbes, mousse, rocher, racines, insectes. Tout semblait confirmer qu'on lui avait joué une mauvaise blague et qu'on l'avait déplacé dans son sommeil vers une campagne quelconque. Mais même s'il avait déjà joué ce tour à plusieurs personnes dans son enfance, il n'arrivait pas à comprendre qui le lui aurait fait, et encore mois pourquoi, alors il commença à douter, et à craindre bien pire.

Les voix alentours étaient parsemées de cris, de pleurs et même de bruits d'animaux. Chacun engageait son voisin afin de comprendre, mais n'en obtenait que plus de questions. Vraisemblablement il n'était pas le seul dans cette inconfortable situation.

Phaneste se dirigea vers la question la plus proche, mais impossible d'obtenir des informations qu'il ne connaissait déjà. Une personne plus censée que les autres commença à demander ou habitaient les autres, et ils se rendirent vite compte qu'ils étaient tous voisins. La thèse de la blague devenait de moins en moins plausible, les blague en masse restant du domaine de l'inconnu, de mémoire d'homme.

Néanmoins cette question fort pertinente motiva Phaneste à demander l'heure. De bouche à oreille, quelqu'un était bien forcé d'avoir regardé l'heure avant de se réveiller dans cette situation. La réponse prit une bonne dizaine de minutes, et variait entre 3 et 5 heures du matin.

Déjà avec cette information des discussion plus sensibles s'étaient engagées, les histoires des gens qui étaient réveillés quand le changement était arrivé grossissaient de personne en personne mais on pouvait reconnaître des histoires plausibles, une fois admise la situation actuelle. Ici un homme rentrait chez lui quand il se retrouva nu dans le noir, se cogna le pied et se prit une branche dans le nez avant de s'asseoir et de commencer à entendre les autres se plaindre. Là, un couple était en train de faire l'amour au neuvième étage quand ils s'est retrouvé à même le sol. Une famille rentrait chez elle en voiture quand tout s'arrêta en l'espace d'une seconde et ils se retrouvèrent tous assis sur un rocher au bord de l'eau.

De tout cela on distinguait quelques faits qui décidèrent Phaneste à accepter la thèse de l'incroyable, de l'impensable. Tout aurait disparu, ou tous auraient étés déplacés de manière cohérente dans l'espace. Les gens n'étaient ni tombés, ni enterrés, à en juger par le récit des personnes venant d'immeubles ou de caves. La relativité de la vitesse des gens en voiture n'avait pas été respectée, et globalement on pourrait penser que ceux qui ont organisé cette petite impromptue avaient pris un malin plaisir à ne heurter personne en violant la plupart des lois physiques. Surtout si il y avait une loi de physique qui interdisait à tout le reste de disparaître.

Disparaitre. Aussitôt il se souvint de ses animaux, son chien et son chat et se mit à les appeler, sans réponse. Il demanda, chercha, et appela pendant près d'une heure avant de se rendre compte à l'évidence que personne n'avait plus d'animaux, pas même les lapins, et aucune nouvelle (fort heureusement) des crotales et arachnides domestiques. Il se dit que quoi qu'il leur arrivait, ils y seraient mieux préparés que lui et arrêta de se faire du souci.

Pour eux. Mais il en vint à penser à tous les autres. Qu'en était-il des gens dans les hôpitaux ? Des personnes agées ? De sa petite amie ? De sa famille ? De ses collègues de travail ?

Il rangea aussitôt la peine pour ses animaux de coté, et décida d'aller prendre des nouvelles des personnes qu'il connaissait, en commençant par son cousin, au nord de Paris, aussitôt cette visite rendue, il partirait retrouver sa petite amie, et verrait bien en chemin ce qui se passerait là. Et il partit donc à tâtons, en écrasant quelques pieds et mains au passage, et surtout en se cognant à tout ce qui était sur son passage, vers une direction dont il avait décidé qu'elle était le nord.

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